Par Carole Suhas

Depuis quelques années, les vélos à pignon fixe, plébiscités par les hipsters, fleurissent dans les rues parisiennes. Retour sur un phénomène.

Accessoire favori du hipster, le « fixie » ou vélo à pignon fixe en version française, est né aux Etats-Unis dans les années 1980. A New-York précisément. Là où les coursiers, lassés de devoir changer toutes les pièces de leur vélocipède à chaque gelée hivernale, ont décidé d’épurer la mécanique.

Il y a six ans de cela, après un séjour à New York City, Anastasio Charles et Hugo Rétif sont les premiers à ramener ce vélo sans frein, ni vitesse, sur la rive droite parisienne. Transformé en accessoire de mode, le fixie devient l’objet indispensable « des bobos et des hipsters », selon Anastasio. Ces deux groupes sont même la plus grosse part de sa clientèle. Le fixie illustre le courant bio, écolo, « vélo-bobo » qui plaît tant dans la capitale. Un retour à la simplicité et aux vraies valeurs tant prêchées par les hipsters.  « Si ça avait été un vélo normal, les hipsters n’en auraient pas fait », Anastasio en est certain.

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Selon David, jeune « fixiphile » de 14 ans qui aime traîner dans l’atelier de Cyclope Bikes, au 104 de la rue de la Folie Méricourt,  les vrais passionnés se rassemblent régulièrement, recréent une communauté, voire font des compétitions et filment leurs exploits.  Alors que les hipsters, eux, « ne roulent pas souvent  et seuls ». Effet de mode ou sport, « chacun voit le vélo comme il le veut ».

En creusant sous les apparences, on comprend que le vélo à pignon fixe, c’est aussi (surtout ?) l’apologie du « made it yourself ». Faire soi-même son vélo en choisissant l’intégralité de ses pièces, c’est donner libre cours à sa créativité. « Nous avons énormément de graphistes qui viennent nous acheter des fixies » confirme Anastasio. « L’idée d’un vélo à pignon fixe » composé uniquement d’un pignon et d’une chaine, « c’est de pouvoir s’en occuper soi-même ». Le mécanisme du dérailleur, qui peut être abscon pour certains, disparaît du fixie. « Les gens ne savent pas vraiment entretenir un vélo ». Le pignon fixe résout ce problème. Certains donnent même toutes les astuces pour réaliser entièrement son fixie à la maison.

 

Pour ceux qui préfèrent l’atelier Cyclope, l’art de la customisation sur vélo a tout de même un prix : entre 1000 et 1500 euros pour un montage à la carte, ou à partir de 500 euros pour les fixies d’entrée de gamme. « Souvent les clients cherchent les pièces sur internet ou regardent des photos et nous les amènent ». Chez Cyclope bikes, entre 15 et 25 vélos sont vendus chaque mois. « Depuis trois ans , les chiffres sont en baisse, parce que trois autres boutiques se sont installées sur la même rive ». Il n’empêche que l’histoire du fixie à Paris, c’est surtout le coup de génie de deux jeunes passionnés de 17 ans qui ont su revisiter le classique new yorkais en misant sur le hipsterisme.