“L’hypnose est paradoxalement un moment de profonde conscience”

Par Constance de Cambiaire

Dans le cadre de notre dossier consacré à l’essor des médecines parallèles, nous avons souhaité poser quelques questions à Alba Morassutti, hypnothérapeute à Paris.

Pourquoi avez-vous choisi l’hypnose ?

Ma grand-mère italienne pratiquait la sophrologie et m’avait enseigné quelques techniques basées sur la respiration. A l’âge de 12 ans, j’ai commencé à m’entraîner avec des amies,  à les plonger dans des états proches de l’hypnose. Ça a été une révélation pour moi.

Justement, pouvez-vous nous expliquer  ce qu’est l’état hypnotique ?

Il s’agit d’un état de conscience modifiée. Le mot hypnose vient de hypnos en grec, le dieu du sommeil et pourtant, de façon paradoxale on est plus conscient sous hypnose que lorsqu’on est éveillé.  Sous hypnose, le patient est « présent à son corps », beaucoup plus que dans la vie de tous les jours où nous sommes en permanence en train de réfléchir et de faire des projets.  L’hypnose est paradoxalement un moment de profonde conscience, qui se rapproche de l’état de la méditation. Il ne s’agit en aucun cas d’un rétrécissement de la conscience.

Depuis quand cette pratique existe-t-elle ?

L’hypnose a toujours existé, dans le chamanisme par exemple ou même dans les rites de l’Eglise catholique. Le  fait de contempler un symbole, de répéter  un mouvement ou bien de réciter mécaniquement des prières fait entrer les personnes dans un état de conscience modifiée.

Dans quels cadres l’hypnose est-elle utilisée ?

Il y a énormément de cas où cette technique  permet de grandes avancées. Prenons l’exemple des personnes opérées sous hypnose  et le cas des patients souhaitent  se départir d’une phobie.

Dans le cas d’une opération,  le travail de l’hypnothérapeute est de détourner l’attention du patient.  La personne n’est plus centrée sur la douleur. Il faut que le patient se place mentalement dans un endroit et une situation extrêmement agréables, il ressent la douleur mais de façon très atténuée car il n’est pas focalisé dessus.  Les patients qui ont subi une intervention sous hypnose s’en remettent beaucoup mieux et plus vite que ceux qui ont été endormis. Le corps est conscient de ce qu’il a subi. Il peut donc enregistrer et digérer l’information beaucoup plus rapidement. Une opération au cours de laquelle la personne est plongée dans un sommeil artificiel est vécue comme un viol par le corps.

Comment se déroule une séance dans le cadre du traitement d’une phobie ?

Dans le cas d’une personne venant me voir pour guérir une phobie des souris, elle souffre par définition d’une peur totalement incontrôlable et irrationnelle.  Je la plonge dans un état d’hypnose. Je lui dis ensuite d’imaginer qu’elle a en main une télécommande lui donnant la maîtrise de tout ce qui se passe autour de lui. Il s’agit bien sûr d’une métaphore du contrôle, du ressenti et des émotions. Ensuite je décris une chaine où le patient  apparait à l’écran comme étant le personnage principal. Il peut éteindre quand il veut.  Il se projette donc dans un film dont il est l’acteur principal. Je lui demande de se voir entrer dans une pièce  et je lui explique qu’une souris traverse la pièce.  Le  but est  que la personne prenne conscience qu’elle est capable de ne pas hurler et de ne pas ressentir un état de terreur face à ce petit rongeur. Lorsque le patient est prêt, nous revisionnons cette scène en couleur puis de façon accélérée. Il s’agit simplement de reprogrammer son comportement et sa réaction. Une séance peut parfois suffir pour guérir une vieille phobie. Je suis persuadée que l’hypnothérapie va considérablement se développer car c’est un outil extrêmement efficace et puissant, notamment dans les hôpitaux.